Agressivité ordinaire
Dans le métro, je ne prête que peu d'attention aux énervés. Il y en a toujours un qui manifeste qu'il a autre chose à faire que d'attendre pour prendre son pass navigo, un qui trouve que c'est trop lent, que pour taper son code il faut pas 1 minute bordel! Parfois je suis un de ces agacés.
Je ne sais pas pourquoi aujourd'hui l'énervé de base qui s'est tourné vers moi m'a fait autant peur. Ce que je sais c'est que je n'ai rien pu lui répondre. Nous étions pourtant dans une scène classique. Alors? Pourquoi ai-je reculé? Il s'agissait juste du ton qui monte, rien d'autre. D'ailleurs après avoir élevé la voix et fait un pas vers moi, il est parti prendre son métro. Il ne s'est rien passé.
Sauf que je me suis sentie en danger. Et encore maintenant chez moi, je me sens vulnérable, fragile. Je sais qu'il ne s'agit pas des effets de cette scène. Elle n'est que la projection de mon état mental. Je connais ces moments d'instabilité et je les déteste. Autant que je les crains. Je pense parfois m'en être éloignée, j'ai l'impression d'emprunter un chemin dégagé, je sifflote victorieusement. Et puis... je mets en veilleuse. Il faut repasser à l'ombre, le corps tendu, à l'écoute de la menace. Lui qui est habituellement un radar efficace se dérègle et sur-réagit. Mon esprit se replie et tout échange devient de la haute voltige périlleuse. Nous ne savons plus nous préserver, alors nous barricadons.
Dans ces moments là; le métro devient un lieu dangereux et les semaines forcément se trainent.