Rentrée Littéraire
Je ne parlerai pas des 676 livres édités en ce joli mois de septembre (parce que comme d'habitude, je fais ma mauvaise tête) mais de certains que j'ai lu au cours de ces 6 derniers mois et que j'ai bien aimé. Avec le secret espoir bien sûr que vous aurez une folle envie de vous les procurer et de les découvrir. Parce que si j'apprends que vous avez préféré la dernière aventure 'romantique et fantastique' du bellâtre qui a l'outrecuidance de se dire auteur et qui pose nonchalamment sur tous les abribus, je vais mal le prendre.
Et j'aurai raison parce que voilà ce qu'en dit l'éditeur : Dans cette aventure pleine de suspense, de tendresse et d’humour, l’auteur nous entraîne au cœur de la relation entre un père et sa fille et nous raconte l’histoire d’un premier amour – celui qui ne meurt jamais.
Petite précision utile : la fille est bien vivante, mais le père (qui s'appelle Anthony Walsh) est mort... Ca calme non ? Anthony Walsh... rien que ça déjà. Imaginez la scène: il est tard, votre journée a été longue et difficile, les voisins ont cessé de piailler, le petit Nicolas agité dort; vous vous installez donc tranquillement dans votre fauteuil préféré, vous calez votre dos, poussez un long soupir d'aise, vérifiez que vous avez bien à portée de main les fraises tagadas, le chocolat, un thé, un cognac et un paquet de cookies, vous vous emparez de votre nouveau livre qui sent bon et là... le secrétaire particulier d'Anthony Walsh (argh), appelle sa fille Julia (Walsh re argh) pour lui annoncer que son père (homme d'affaire brillant mais père absent) (re re argh)ne sera pas présent à son mariage parce qu'il est mort... Mais ce n'est pas parce qu'il est mort qu'il sort du livre, non, non, non ma bonne dame. Cet auteur est LE spécialiste du personnage mort ou pas loin qui communique avec des vivants. Faut dire qu'une fois mort t'as plus de temps pour parler. Et là c'est formidable: un père absent de son vivant, présent une fois mort ! Ca ne vous laisse pas pantois ? Z'auriez pas un mauvais fond ?
A ce stade là, vous sentez bien que votre journée qui a été longue et difficile va se terminer par une soirée complètement pourrie. Donc, vous n'allez pas lire 'Toutes les choses qu'on ne s'est pas dites'... (rerereargh)
Par contre vous pouvez vous jeter sur:
Comment va la douleur ? de Pascal Garnier pour le style qui fait d'une histoire simple un vrai moment de littérature, sans aucun effet de manche, sans rien d'exceptionnel juste l'élégance dans la banalité.
Les Ombres mortes de Christian Roux pour la tristesse diffuse qui se dépose doucement strate par strate, par petites touches délicates.
Roux fait entendre la souffrance même quand elle ne crie plus et entoure le coeur de son lecteur d'une vague mélancolie.
Pour toutes les fois de Lalie Walker pour l'histoire intelligemment menée, ses personnages de femmes, sa théorie sur le rêve et le dynamitage (au combien jouissif) de la famille.
La Bête qui meurt de Philippe Roth pour l'énergie, l'appétit de vivre et l'incroyable charge érotique de ce court roman. Pour la beauté de l'histoire aussi, parce que Roth parle de la déchéance et de l'amour sans niaiserie .
Voilà qui devrait vous permettre de passer cette rentrée SANS le scribouillard et Anthony Walsh.
On dit quoi ? On dit Merci Lého !