Il faut du temps pour aimer son corps

Publié le par Lého

Le mien, je l'ai detesté. Je l'ai regardé ne pas devenir celui d'une femme. J'ai attendu. Il a continué à s'allonger. J'ai attendu. Il est resté long.

Je l'ai plié sous d'autres corps. Je lui ai fait rencontrer d'autres peaux. Je lui ai fait mal. Je l'ai entravé. Je l'ai heurté plus souvent que je ne l'ai caressé. Je l'ai entraîné parfois malgré lui. Je n'ai pas écouté ses désirs ni ses peurs. Je l'ai contemplé avec une rage froide. Je l'ai haï de le me lâcher. Je l'ai habillé de tous les codes d'ultra féminité. Je lui ai appris à obéir le jour; il m'a appris la rebellion la nuit. Je ne l'ai pas habité complètement. Je l'ai perdu de vue. Je l'ai senti se brouiller. 

Il a été un bon élève de la baise. Il en a maîtrisé rapidement les gestes. Il s'est parfois oublié dans le plaisir. Dans ces moments de cul nous avons échappé à la mort. Nous lui avons filé entre les doigts. Nous avons baisé pour ne pas crever. Nous nous sommes accrochés à cette ultime planche de salut. Jamais 'l'autre' n'a rien su de cette énergie noire. Toujours je me suis retrouvée seule, le corps apaisé pour un moment, mais seule.

 

Et après tout ce temps; j'ai compris que lui faire mal obstinément c'était me blesser. 

Et parfois, par la magie d'un regard pailleté, on s'aime bien.

Publié dans Des news de moi

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